En avril nous avons organisé notre premier trek solidaire. Les six participants ont randonnés pendant six jours dans le sud atlas marocain à la rencontre des nomades. L'accueil pendant trois jours au centre et le prix plancher de notre partenaire Aventures Verticales organisateur du trek, ont permis au trek solidaire de dégager un bénéfice conséquent. Il a été reversé au centre de Todgha El Oulia. Une rémunération a été donnée aux filles handicapées qui ont réalisé les repas. Plus de photo ici et là
Le trek Solidaire par Ginette non voyante
C’est une très belle aventure humaine et sportive, que j’ai vécue lors du trek, dans les gorges de Todgha au Maroc, du 18 avril au 23 avril, avec Domi, Michèle, Régine, Albert et Paul.
Un grand merci à vous tous, pour l’aide que vous m’avez apportée durant le trek. Regrettable, pour Claude, qui après m’avoir guidée à la montée, le matin du premier jour, a abandonné suite à quelques difficultés rencontrées.
Ce trek, est pour moi, une nouvelle et première expérience, depuis ma cécité.
Pendant une semaine, nous avons marché tous les six, dans la bonne humeur et la bonne entente, accompagnés d’un guide, aidé de 3 personnes avec 3 mules, transportant bagages, nourritures, eau et matériel de camping. Sans les yeux, les autres sens compensent, l’ouïe, l’odorat, et le toucher permettent d’apprécier et de se faire une idée du paysage et de l’environnement. J’ai d’autant apprécié, que chacun à sa manière, spontanément, naturellement, à tour de rôle, me guide, me décrit ce qu’il voit, ce qui complète mes ressentis. Assaïn et Saïd, apportent leur aide, pour la traversée des oueds et le passage de chemins empierrés. Nous avançons en file indienne, car les sentiers sont très étroits, je me tiens au sac à dos de la personne qui me guide, pas très confortable j’avoue, le bras gauche, toujours tendu, et de temps en temps, je marche sur le talon de mon guide, ce qui n’est pas agréable pour lui. Mais nous ne pouvons pas faire autrement, rapidement, je trouve la solution de l’écharpe, attachée au sac qui me permet d’être plus éloignée de mon guide, d’avoir une position plus confortable. Lorsque le chemin s’élargit, je reviens à la droite de mon guide, et nous marchons côte à côte.
Le matin, après un petit déjeuner copieux, nous attendons patiemment, le chargement des mules, malgré notre aide, pour plier les tentes, nous partons tardivement, vers midi. Heureusement, la chaleur n’est pas de la partie, le temps est couvert, la plupart du temps, avec de fortes rafales de vent. Nous faisons quelques haltes, pour boire, et faire manger les mules, lorsqu’il y a de l’herbe sur le chemin. La pause repas, est environ vers 15h, les mules sont déchargées, de tout matériel et bagages. Le tapis et les matelas sont installés, pour que nous prenions place, en attendant, que le thé soit servi avec les cacahuètes, puis la fameuse salade marocaine, agrémentée, selon les jours de riz, de maquereau, d’œuf dur, d’olives noires et vertes, d’un morceau de pain, d’un fruit, suffisent largement pour nous rassasier. Après, deux heures de pause, les mules chargées, nous repartons, sur les chemins empierrés, pour deux à trois heures de marche. Nous marchons environ, 5h par jour, tous les soirs, nous campons à la nuit tombée, et prenons le repas, avec les lampes torches, sur le tapis et les matelas.
Le whisky berbère, comme se plait à le nommer, Saïd, est servi en guise d’apéritif, toujours avec les cacahuètes et les gaufrettes, puis vient la soupe chaude, très appréciée, car le soir, la température fraîchit, suivi d’un plat chaud composé principalement de légumes, un fruit et du thé pour terminer le repas. J’avoue, que c’est le grand confort, nous marchons, certes, mais les pause repas, sont très agréables, le tapis, les matelas, et le soir, les couvertures pour avoir chaud. C’est le grand confort.
Les seules personnes que nous croisons sont les nomades et leurs troupeaux ou les femmes nomades avec mules et enfants. Au fil des jours, nous découvrons la rude vie des nomades. Un soir, nous faisons étape, chez un nomade, à l’abri dans une maison, en terre. Il nous prépare un délicieux repas, composé d’une soupe et d’une omelette berbère, un fruit et du thé. Le troupeau est la seule richesse des nomades, d’ailleurs ceux qui vivent sous la tente, mettent le troupeau à l’abri sous la tente. Comme chez nous, la saison est propice à conduire les troupeaux dans les hauteurs pour la période chaude.
Un soir, nous faisons étape, chez une famille berbère sédentarisée que connaît Assaïn et dont le mari est absent, il est au marché de la ville la plus proche. Il fait très froid, nous sommes à 2 800 m d’altitude, un feu est allumé sous la tente, nous prenons place, contre les sacs de provisions, la mère, sa fille aînée et deux jeunes enfants, sont près du feu. Nous nous regardons, sans pouvoir échanger quelques paroles.
Les tentes sont installées et nous assistons, enfumés, à la préparation du couscous berbère qui pour moi reste le meilleur : semoule et légumes. Le couscous est préparé avec de la fine semoule et rend le plat plus léger, un véritable délice !!!. C’est un moment magique, cette soirée sous la tente berbère, chez cette famille qui accepte de nous recevoir et de partager leur plat autour de leur feu. Cette non communication avec la famille ne me dérange pas. J’apprécie, l’hospitalité et la générosité de cette famille et respecte leur timidité, car les nomades berbères, sont timides, et parlent peu. Le lendemain matin, la mère file la laine, pendant que nous déjeunons et régalons de la galette à l’orge, qu’elle nous a préparée. La fille aînée et son jeune frère, amènent le troupeau dans la montagne, leur jeune sœur, joue avec Paul et rit aux éclats.
Loin de toute civilisation, sans eau, ni électricité, sans confort sanitaire, sans téléphone, quel bonheur !!! C’est surréaliste que de vivre pareille aventure, de changer les habitudes. C’est un véritable dépaysement le silence dans cette immensité, les odeurs, le bruit de l’eau, le chant des oiseaux, les camps de nomades, les troupeaux de chèvres, de moutons, les enfants joyeux, les différents échanges entre nous, Assaïn et Saïd.
La dernière soirée à l’auberge d’Assaïn est un moment fort où nous partageons tous ensembles, les repas servi par le jeune frère, suivi d’une animation musicale où notre Chibani joue, chante, tout comme Saïd et un autre frère d’Assaïn. Moment très sympathique entre nous tous. C’est touchant, d’entendre le chibani, nous sommes heureux de partager leur chant, leur musique, c’est un magnifique cadeau qu’ils nous font !!!
Le trek se termine, et la dernière nuit, nous la passons sous la tente berbère. Le lendemain, nous repartons, sur la piste, à vive allure, content de rentrer, de retrouver Claude et Jean-Paul et d’espérer prendre une bonne douche, car pendant une semaine, hormis deux bains de pied dans l’oued je me suis lavée avec les lingettes. C’est super !!! Mais le hammam à notre arrivée est le bienvenu avec le massage au savon noir et le gant pour enlever la crasse. C’est encore mieux.
C’est une expérience que je renouvellerais, si SolHandi organise, un nouveau trek sur un autre circuit.
La mission du mois de avril 2018 est de retour.